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L’Exil et la Bible

Ancien Testament

— prise de Jérusalem, destruction du temple, fin de la royauté davidique, exil à Babylone (voir « Exils successifs à partir du VIIIe siècle av. J.-C. ») — occupent une place centrale dans l’histoire et la littérature d’Israël.

Dès 626 av. J.-C., Nabopolassar émancipait Babylone de l’Assyrie, qui dominait le Proche-Orient depuis le VIIIe siècle. Alliés aux Mèdes, les Babyloniens s’emparaient de Ninive, capitale de l’empire assyrien, en 612 (cf. Na 2–3). Parallèlement, les réformes de Josias (640-609 ; cf. 2R 22–23), dans l’esprit du Deutéronome (voir l’introduction à ce livre), concouraient à affranchir le royaume de Juda de la tutelle assyrienne. Que tel fût bien l’objectif de Josias en matière de politique extérieure, indépendamment de ses motivations religieuses, c’est ce qui ressort du choix qu’il fera de s’opposer au pharaon Néko quand celui-ci, comprenant que le vrai danger vient désormais de Babylone, tentera de voler au secours de l’Assyrie (2R 23.29ss).

Avec la défaite et la mort de Josias, Juda passe sous la coupe de l’Egypte. Néko destitue Joachaz, le fils cadet de Josias que le peuple du pays, sans doute les riches propriétaires terriens (voir Jr 1.18n), ont placé sur le trône (2R 23.30). Il le remplace par le frère aîné de Joachaz, Eliaqim ou Joïaqim (2R 23.34 ; voir l’encadré « L’après-Josias »). Après sa défaite décisive à Karkemish en 605 (Jr 46.2n), l’Egypte va se servir du nationalisme de Juda et d’autres vassaux pour essayer de contenir l’expansion de ce qu’il faut maintenant appeler l’empire babylonien, aux mains de Nabuchodonosor. En 597, Juda est une des premières victimes de la répression babylonienne : c’est la première prise de Jérusalem, et le premier exil (2R 24.10ss) — le nombre des captifs étant évalué différemment selon les textes (2R 24.14,16 ; Jr 52.28). Joïakîn, qui semble avoir succédé à Joïaqim, son père, pendant le siège de la ville, est exilé à Babylone où il sera finalement gracié (2R 25). Nabuchodonosor concède toutefois une certaine autonomie au royaume de Jérusalem, qu’il confie à un autre fils de Josias, Mattania ou Sédécias (2R 24.17).Sans doute à l’instigation de l’Egypte, celui-ci commettra l’erreur fatale de se révolter contre son suzerain. Il s’ensuivra une seconde prise de Jérusalem, qui restera pour l’identité nationale et religieuse d’Israël l’événement marquant : certes, l’exil qu’elle a entraîné semble avoir été moins massif que celui de 597 (Jr 52.29 ; cf. 39.10 ; les Lamentations, par exemple, sont vraisemblablement l’œuvre de survivants restés sur place) ; mais le temple et la royauté ont disparu. Les ultimes soubresauts de la révolte antibabylonienne ne peuvent plus renverser le cours de l’histoire (2R 25.22ss ; Jr 40–43 ; 52.30). L’exil à Babylone (au nord-est) se double d’une fuite en Egypte (au sud-ouest) pour les derniers partisans (Jr 42–44).

En Babylonie, les exilés — probablement regroupés dans certaines régions, comme celle de Nippour, au sud-est de Babylone (cf. Ez 1.1n) — semblent mener une vie plutôt confortable, parfois même prospère (selon Esd 2.65, quelques-uns ont des esclaves). Ils vivent dans des communautés relativement autonomes, présidées par des anciens* (Jr 29.1 ; Ez 8.1).
Selon toute apparence, leur réponse au choc de l’exil est essentiellement littéraire.
On édite une histoire d’Israël (Josué, Juges, Samuel-Rois) qui explique le désastre par l’infidélité du peuple et de ses dirigeants au regard de la norme fixée par le Deutéronome.
On met en valeur les éléments rituels susceptibles de marquer et de préserver l’identité communautaire des exilés : sabbat (cf. Gn 1), circoncision (cf. Gn 17), culte pratiqué hors du pays d’Israël (cf. la Demeure du désert, Ex 25–40 ; voir aussi Ps 137.1 ; Esd 8.21).
On se ressource dans la parole des prophètes (notamment Jérémie, Ezéchiel, et les chapitres 40–55 d’Esaïe qui se rapportent, prioritairement sinon exclusivement, à la période de l’exil à Babylone).

En 539 av. J.-C., Cyrus le Grand, roi de Perse, s’empare de Babylone sans coup férir, avec le soutien du clergé babylonien du dieu Mardouk (voir « Cyrus à Babylone »), mais sans doute aussi de certains exilés de Juda qui, dans la ligne d’Esaïe, l’acclament comme le « messie » de YHWH. Désormais les Juifs peuvent rentrer au pays, mais quelques-uns seulement feront ce choix, surtout avec Zorobabel en 520 av. J.-C. Des liens très forts subsisteront entre les exilés qui restent à l’étranger, en situation de diaspora (voir « La diaspora ou les Juifs hors de leur pays », et les livres d’Esther et de Daniel qui ont pour toile de fond cette situation), et la colonie qui retourne à Jérusalem pour reconstruire. Celle-ci, qui se considère en Judée comme le véritable Israël (cf. Jr 24), entre en conflit avec ceux qui sont demeurés sur place pendant l’exil (le peuple du pays dans Esdras [3.3n]et Néhémie ; cf. Ez 11.15 ; 33.24ss ; voir aussi Samaritains*).

 

Quant à la diaspora égyptienne, elle suit une voie quelque peu différente : elle construit des temples concurrents de Jérusalem (dès le VIe siècle av. J.-C. sur l’île d’Eléphantine, en face d’Assouan, où l’on célèbre le culte de Yaho et de sa compagne Anat-Yaho ; plus tard, au IIe siècle, à Léontopolis ou Memphis, où l’on officie selon la règle de Jérusalem, sur un site qui est toujours nommé aujourd’hui Tel-Yahoudiyé, la « colline des Juifs » ; voir sadducéens*, temple*). A l’époque hellénistique, elle constitue un point de rencontre particulièrement fécond entre le judaïsme et la culture grecque, notamment à Alexandrie où apparaîtra la Bible des Septante (LXX* ; voir introduction à l’Ancien Testament).

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