Archives

L’Egypte et les Egyptiens

Ancien Testament

est bien connue du grand public pour ses pyramides, son sphinx, ses hiéroglyphes et les trésors de ses pharaons. Pour une grande part, ce décor glorieux est déjà planté depuis longtemps à l’époque biblique.

L’Egypte compte en effet parmi les civilisations les plus anciennes. Cette région est peuplée depuis l’âge de pierre, en raison de son climat doux et de la richesse naturelle que lui apportent les crues du Nil. Chaque année, en effet, le fleuve déborde largement et, quand il revient à son cours normal, il laisse derrière lui une couche de limon noir très fertile, propice à la culture de toutes sortes de céréales (cf. Gn 41-44). De part et d’autre de la bande verte formée par la vallée du Nil, c’est le désert.

Dès 3200 ans avant Jésus-Christ

L’histoire écrite de l’Egypte et de ses dynasties de pharaons remonte à 3200 av. J.-C. environ, quand l’unité de la Haute-Egypte (le sud de la vallée du Nil, autour de Thèbes) et de la Basse-Egypte (au nord, autour de Memphis et dans le Delta) est réalisée pour la première fois. Au IIe millénaire av. J.-C., de puissants pharaons avaient déjà conquis des régions situées au sud de l’actuel Soudan. L’influence de l’Egypte s’étend aussi, au moins à certaines périodes, vers l’Asie, et avant tout sur Canaan : elle s’y fournit en matières premières, surtout en bois de construction ; mais c’est aussi pour elle une zone tampon, qui la protège des incursions des peuples du Proche-Orient. Témoin la fortification connue sous le nom de « Mur du Prince », due à l’initiative d’Aménemhat (1991-1962), dont la Bible garde peut-être le souvenir dans le nom Shour, qui peut signifier « muraille » (cf. Gn 16.7n) ; un texte égyptien s’y réfère en ces termes : « On construira le Mur du Prince... et on ne laissera plus les Asiates descendre en Egypte mendier de l’eau comme ils en ont coutume, pour faire boire leurs bêtes. » Sous Aménophis III (1391-1353), une inscription semble mentionner le nom* divin YHWH. En 1220, Merneptah, fils de Ramsès II, de retour d’une campagne victorieuse en Asie, grave sur le basalte : « Israël est anéanti. »

L’écriture, sans doute inventée en Mésopotamie entre 3500 et 3000 av. J.-C., a vite fait son chemin jusqu’en Egypte où elle a connu un développement original. Les prêtres égyptiens ont en effet mis au point leur propre système complexe de représentation des mots, des sons et des choses, composé de dessins caractéristiques — les hiéroglyphes, employés surtout sur les monuments — qui se sont simplifiés pour donner des écritures plus courantes (hiératique, puis démotique) et mieux adaptées à d’autres supports (notamment le papyrus).

Vers le XVIIIe siècle av. J.-C., l’Egypte fut envahie par une importante population étrangère connue, de façon générique, sous le nom de Hyksos (« princes des pays étrangers »). Cette population venue d’Asie était sans doute en grande partie sémite (désignation ethnico-linguistique qui s’applique aux Israélites comme à de nombreux autres peuples du Proche-Orient). Elle finit par prendre le pouvoir en Basse-Egypte. Depuis leur capitale, Avaris (que certains identifient à Tsoân ou Tanis, cf. Nb 13.22n), dans le nord-est du delta du Nil, les souverains hyksos gouvernaient un empire qui comprenait une grande partie du territoire égyptien et de Canaan. D’aucuns ont vu un rapport entre cette époque et l’histoire de Joseph (Gn 37-50), mais cette opinion n’a pas trouvé de confirmation dans les sources égyptiennes (l’histoire de Joseph présente aussi d’intéressantes similitudes avec la situation de la diaspora juive évoquée par le livre d’Esther ; voir « Les récits doubles dans les histoires de Joseph et d’Esther ».

Des traces bibliques ?

Au XVIe siècle av. J.-C., l’empire hyksos s’effondra et Ahmosis Ier fonda une nouvelle dynastie, dont le pouvoir s’étendit considérablement sous le règne de Thoutmosis III (1479-1425). C’est à partir de cette époque que beaucoup ont cherché des traces égyptiennes de l’histoire de Moïse et de l’Exode : dans l’expulsion des Hyksos au XVIe siècle, déjà ; sous Horemheb (1319-1307), un colonel énergique qui avait administré Canaan un certain temps avant de monter sur le trône ; puis, dans la dynastie suivante, sous Séti Ier (1306-1290) et surtout sous Ramsès II (1290-1224), un grand constructeur. Mais ici encore, les annales égyptiennes ne portent aucun écho distinct du récit biblique. Ce n’est en tout cas pas Ramsès II, dont on a retrouvé la momie, qui est mort noyé dans la mer des Joncs (cf. Ex 14-15 ; Ps 136.15). Dernièrement, quelques-uns ont cru discerner des analogies entre l’épopée de Moïse et un personnage d’origine asiatique connu sous le nom de Beÿ, Beya ou Peya par plusieurs inscriptions égyptiennes. Dans une période fort troublée de la succession pharaonique, depuis le règne de Séti II (1214-1204) jusqu’à celui de Sethnakht (1196-1194), cet homme a occupé une position très importante en Egypte. Son rôle a sans doute été prépondérant sous le jeune pharaon Siptah (1204-1198), mort prématurément, et la reine Taousert ou Touosré (1198-1196). La fin de ce Beÿ est mystérieuse. Toutefois les rapprochements qu’on a pu faire entre cette époque passablement obscure et le récit biblique sont, une fois de plus, fragmentaires et incertains.

Les plaies d’Egypte

La religion égyptienne comportait de nombreux dieux qui gouvernaient les phénomènes naturels (les « plaies d’Egypte » les discréditent, cf. Ex 12.12), mais qui représentaient aussi des vertus comme la vérité, la justice ou la sagesse : les Proverbes de la Bible présentent de nombreuses analogies avec les aphorismes de la sagesse égyptienne (voir « La littérature de sagesse ». Dans les temples, les prêtres servaient les dieux comme on sert des souverains humains. Le peuple, lui, ne voyait les images des grandes divinités que lors des processions organisées les jours de fête. Le pharaon, fils* du dieu suprême de Thèbes, Amon-Rê, jouait un rôle de médiateur entre ce dieu et les hommes. On a comparé à ces conceptions certaines expressions relatives à la royauté israélite, notamment dans les Psaumes (Ps 2.7 ; 89.27s ; 110.3n ; cf. 2 S 7.14).

Le polythéisme d’Etat connut une exception célèbre en Egypte pendant le règne d’Akhénaton ou Aménophis IV (1353-1335 av. J.-C.), qui prôna une sorte de monothéisme (panthéisme ?) solaire. En fait il instaura, à l’encontre du clergé thébain d’Amon-Rê, le culte unique d’Aton (le disque solaire). Il en était le grand prêtre, aux côtés de sa femme Néfertiti. On reconnaît dans les hymnes rédigés à cette époque une profonde mystique de la nature, on a relevé beaucoup de points communs avec le Ps 104 : voir « L’Hymne à Aton ». Mais le règne d’Akhénaton se termina mal et sa réforme religieuse resta sans lendemain.

Les Egyptiens se représentaient la mort à l’image de la vie, comme l’attestent les fresques et les objets de la vie quotidienne associés aux sépultures. Osiris était le roi de l’outre-tombe. Le mythe de mort et de résurrection* qui le caractérisait, comme plusieurs divinités associées aux cycles de la nature (voir Baal*), lui valait de détenir les clefs de la vie dans l’au-delà. Le culte d’Osiris aura beaucoup d’influence à l’époque gréco-romaine.

Une fois passé le temps de son hégémonie sur le Proche-Orient ancien, qui ne laisse que peu de traces directes dans la Bible, l’Egypte parviendra le plus souvent, grâce à son éloignement et au prestige de sa civilisation, à maintenir son indépendance face aux grandes puissances de l’Asie (surtout l’Assyrie et Babylone). Elle restera pour Israël — et surtout pour Juda — le grand voisin du sud, généralement accueillant pour ceux qui ont des démêlés avec les autorités, nationales ou étrangères ; elle sera aussi l’appui naturel, mais plus ou moins solide, de toutes les tentatives de révolte contre les suzerains du nord.


L’EGYPTE DANS LA BIBLE

L’Egypte dans la généalogie des peuples : Gn 10.6ss
Abraham en Egypte : Gn 12.10-20 ; cf. 16.1ss
Joseph et Jacob en Egypte : Gn 37–50
Les Israélites esclaves en Egypte et libérés : Ex 1–15
Alliances politico-commerciales avec Salomon : 1R 3.1 ; 7.8 ; 9.16,24 ; 11.1
La sagesse des Egyptiens : 1R 5.10 ; Ac 7.22
Hadad, prince d’Edom, accueilli par le pharaon : 1R 11.14-22
Jéroboam accueilli par le pharaon Shishaq : 1R 11.40 ; 12.2s
Le pharaon Shishaq pille Jérusalem et le temple : 1R 14.25s
Osée, roi d’Israël, recherche l’appui du pharaon So contre l’Assyrie : 2R 17.4
Ezéchias, roi de Juda, recherche l’appui de l’Egypte contre l’Assyrie : 2R 18.4
Le pharaon Néko emmène captif Joachaz, roi de Juda, et installe Joïaqim : 2R 23.34
Destruction de Thèbes, capitale de la Haute-Egypte, par les Assyriens : Na 3.8ss
Josias, roi de Juda, meurt en cherchant à barrer la route au pharaon : Néko 2R 23.29s
Le prophète Urie s’enfuit en Egypte, où il est assassiné : Jr 26.21-23
Le pharaon Néko battu par Babylone à Karkemish : Jr 46.2
Sédécias, roi de Juda, recherche l’appui du pharaon Hophra contre Babylone : Jr 37.5ss ; 44.30 ; Ez 17.11ss
Jérémie et un groupe de réfugiés judéens en Egypte : Jr 41–44 ; cf. 2R 25.26
Oracles sur l’Egypte : Es 19–20 ; 30–31 ; Jr 46 ;  Ez 29–32
Le roi du sud : Dn 11
Joseph, Marie et l’enfant Jésus s’enfuient en Egypte pour échapper à Hérode : Mt 2.13-15
La grande ville qui est appelée, dans un sens spirituel, Sodome et Egypte,
là même où leur Seigneur a été crucifié : Ap 11.8

Faites un don

Associez-vous à nos actions, faites un don

Pour faire un don au tritre de l'impôt sur le revenu, cliquez ici La Fondation Bible & Culture est également habilitée à recevoir les dons dans le cadre de l 'IFI

Découvrez les 5 traductions de la Bible réalisées par l'Alliance biblique française sur Editionsbiblio.fr

La Bible Parole de Vie - Standard
Avec les deutérocanoniques La Bible Parole de Vie - Standard
19.90